dimanche 1 mai 2016

Piste noire d'Antonio MANZINI


Voilà l'hiver est terminé, les fleurs pointent leur nez depuis un bon petit moment déjà mais j'ai eu envie de prolonger un peu la saison en m'offrant un petit polar hivernal. 
Piste noire, le titre met tout de suite l'eau à la bouche.
L'intrigue se passe dans le nord de Italie, dans un petit village de montagne isolé : Champoluc. Rocco Schiavone y est un commissaire depuis peu. Il vient en effet de quitter sa Rome natale et contraint de travailler dans le Val d'Aoste. Difficile pour lui de s'adapter à ce nouveau climat, ses nouveaux collègues, source pour lui de nombreux désagréments. 
D'ailleurs, il n'essaye même pas de s'adapter, il espère juste un retour rapide vers la capitale.
 Rocco Schiavone est ainsi un personnage antipathique au possible : toujours bougon et de mauvaise humeur, saisissant la moindre occasion pour passer ses nerfs sur ses collègues.

Sa mauvaise humeur va malheureusement être de nouveau accentuée lorsqu'on découvre un cadavre enseveli sous la neige, écrasé par une dameuse. Lui qui n'aime pas ce genre "d'emmerdements" est comblé. Très rapidement, il est obligé de se pencher vers la piste de l'assassinat. Une pénible enquête commence ainsi, obligé de collaborer avec des policiers incompétents, il doit constamment faire preuve de patience ou pas...
Cette enquête l'amène également à se frotter aux autochtones qu'il avait jusqu'à présent tendance à fuir et à dénigrer. Il découvre alors le monde des taiseux de la montagne : étrange mais finalement pas si inintéressant !

Le démarrage de ce roman est loin d'être sensationnel. J'ai souvent eu l'impression que l'auteur tombait trop  facilement dans les clichés du roman policier avec le personnage du commissaire bougon, peu facile d'accès et au passé compliqué. 
Des répétitions m'ont aussi parfois agacée. Certes, elles avaient certainement pour but d'apporter une touche d'humour au roman mais quand ces remarques sont redondantes, elles finissent par apporter une certaine lourdeur au texte. Heureusement, cette impression ne m'a suivie que dans le premier tiers du roman. 
Très rapidement, le roman gagne en qualité. La lecture est fluide, très facile et les pages défilent toutes seules.
 L'élément qui m'a le plus plu est lvolution du personnage principal :  Rocco Schiavone. Au premier abord, on ne sent qu'une personne hautaine, dédaigneuse vis-à-vis des autres, au passé sombre. Mais, petit à petit, il se révèle, prend en épaisseur. L'auteur s'éloigne peu à peu de la caricature du flic de mauvais poil. Apparaît ainsi, au fil des pages une personne humaine et pleine de sensibilité, affectée par un deuil difficile à faire mais également un homme un peu plus obscur, cherchant à retirer son épingle du jeu dans cette Italie de magouilles.  Et là, j'ai franchement apprécié ces deux facettes de Rocco Schiavone, à tel point que je me suis prise d'affection pour cet homme. Les flash-backs qui éclairent sur son passé y sont pour beaucoup et je ne peux que saluer le savant dosage entre ceux-ci et l'intrigue. Ils ont apporté un dynamisme à la lecture.
En ce qui concerne l'intrigue, celle-ci bien que simple est plutôt prenante. C'est vrai qu'on y retrouve tous les ingrédients d'un roman policier classique : un meurtre dans un village isolé, des montagnards se connaissant tous, des histoires de dettes, de liaisons... Rien de nouveau donc mais lorsque la mayonnaise prend et que le plaisir de lecture est là, je n'y vois pas d'inconvénients. La lecture a d'ailleurs été d'autant plus agréable que je n'ai pas vu venir la fin. Je pressentais bien certaines choses mais je n'ai jamais été sûre de moi. Et ça, pour un amateur de polars, c'est un élément non négligeable.
 Pour conclure, je dirais que ce bouquin ne révolutionne pas le genre, fait même penser à un roman policier à l'ancienne mais fait clairement passer un bon moment. Et ça, c'est déjà plus que satisfaisant.



Je remercie Livraddict et les éditions Folio policier pour leur confiance.

   

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