samedi 23 juillet 2016

Là où les lumières se perdent de David JOY


Nous sommes en Caroline du Nord, petite bourgade des Appalaches.
Il y a des gens parfois qui ont la malchance de naître au mauvais endroit, au mauvais moment dans la mauvaise famille. C'est le cas de Jacob McNeely, jeune homme de 18 ans. Sa famille est loin d'être idéale. Fils de Charly McNeely, trafiquant de drogue dominant toute la région et d'une mère droguée, ayant perdu tout ancrage avec la réalité, difficile pour Jacob de se lancer dans la vie.

 Et la vie ne lui fait pas de cadeaux. Trop peu encouragé, persuadé que ça ne lui servirait à rien, Jacob quitte le lycée à 16 ans. N'ayant plus de lien social, il s'enlise très vite
Un jour, envoyé par son père pour surveiller la bonne exécution d'une mission, Jacob assiste à un gros ratage. Le ratage où tout dégénère très vite. Là, Jacob voit ce qu'il n'aurait jamais voulu voir et participe à une violence sans nom qu'il ne cautionne pas. Là, il se rend compte que sa vie ne sera jamais que violence, drogue et sang. Une vie de looser. Amer constat qui l'emmène à une fête de fin d'études où il retrouve son amie d'enfance Maggie. De nouveau, les choses vont mal se passer. Jacob voit rouge lorsque le petit copain de Maggie essaye de la forcer à consommer la pire des drogues. Coup de nerf. Jacob le tabasse. 
Les choses s'enchaineront alors rapidement. Violence, fuite deviennent le lot quotidien de Jacob.
 

Avec ce roman, David Joy soulève des questions plus qu'intéressantes :
- Comment avancer dans la vie lorsque, dès la naissance, on porte des valises trop lourdes ?
- Peut-on s'affranchir d'une emprise familiale toxique ? 
- Pourquoi n'y arrive-t-on ? Sont-ce les valises qui sont trop lourdes ou un sentiment de fatalité qui coupe les jambes et empêche l'envol ?

Tout au long du roman, Jacob McNeely se questionne sur sa vie, sur le poids de son héritage familial, sur son avenir. Elevé dans un milieu de toxico, avec des parents ne l'ayant jamais accompagné, appelé à continuer le trafic de son père, Jacob apparaît emplâtré dans une forme de fatalisme. Fatalisme assez facile à comprendre mais dont il se sent incapable de se défaire.
Pourtant, la présence de Maggie à ses côtés le fait envisager de nouvelles choses, plus belles
J'ai beaucoup aimé suivre l'évolution de Jacob, jeune homme sensible évoluant dans un monde ultra violent.  
Sa rencontre avec Maggie est lumineuse. Jacob doute, Maggie l'encourage et l'incite à voir la vie sous un nouvel angle. Avec Maggie, Jacob sort peu à peu de sa carapace et s'autorise à s'imaginer une vie meilleure. Pour elle, il est prêt à déplacer des montagnes et va d'ailleurs en déplacer. C'est une très belle relation qui les unit, une relation qui leur apporte à chacun. Maggie est une belle jeune femme qui a su voir et faire éclore le meilleur de Jacob. 
Mais cette relation est-elle suffisante ? 
 
Clairement, tous les ingrédients étaient réunis pour me plaire.
Roman noir implacable, je suis toutefois obligée de reconnaître que ma lecture a connu des hauts et des bas. 
J'ai été emportée très souvent par ma lecture, de nombreux passages m'ont émue. J'ai trouvé de la sensibilité, de l'émotion, de la poésie dans la noirceur. Mais malgré cela, j'ai trouvé quelques passages répétitifs, des questions redondantes qui m'ont gênée. Pendant ma lecture, je me suis demandé à plusieurs reprises ce que je garderai de ce roman : cet agacement face aux répétitions ou ces beaux passages ? 
Et bien, la fin du roman m'a permis de répondre à la question. Car, contre toute attente, cette fin m'a tout simplement cueillie. Elle était magistrale, je n'ai rien vu venir, j'ai voulu croire que... mais non... Bref, c’était sublime. Les personnages ont pris une envergure que je ne soupçonnais pas et j'ai écarquillé les yeux à me les faire sortir des orbites. 

Donc, pour conclure, je pense que ce roman prouve simplement que David Joy est un jeune auteur à surveiller. Un auteur qui n'en est encore qu'à ses balbutiements mais qui ne va pas tarder à éclore.
 

Je remercie chaleureusement Netgalley et Livraddict qui m'ont permis cette découverte.

   
 

mardi 12 juillet 2016

L'héritière de Jacaranda de Tamara MCKINLEY




Voilà un roman passionnant dans lequel il est bon se plonger.
Ce n'est que ma deuxième rencontre avec Tamara McKinley mais à chaque fois, il se passe quelque chose qui fait que cette auteure a une place particulière pour moi.
Pour moi qui ai eu, pendant mon enfance, comme lecture de chevet préférée "Les oiseaux se cachent pour mourir", qui ai rêvé d'Australie en regardant également les feuilletons, lire Tamara McKinley relève un  peu du retour aux sources. Cette saveur-là a quelque chose de précieux.

L'histoire débute avec la mort de Jock Witner. Ce patriarche à la tête d'une grosse entreprise viticole australienne a tyrannisé sa famille pendant plusieurs décennies. C'est donc un soulagement pour sa femme, ses enfants et petits-enfants, neveux et nièces. Sentiment toutefois atténué par une forte inquiétude quant au devenir de l'entreprise familiale. En effet, Jock Witner, avant de mourir, s'est attaché à saboter le travail de toute une vie. Mauvais placements, investissements conduisent inexorablement la société à la faillite. 
La situation est plus que préoccupante, des français sont décidés à racheter les vignes et la famille doit se mettre d'accord sur l'avenir qu'elle souhaite pour les terres de Jacaranda.
Les membres n'ont pas tous la même vision des choses, entre ceux souhaitant récupérer un héritage rapidement et ceux attachés à l'histoire familiale et désirant sauver le vignoble.

Au centre de ces guerres intestines, règne Cornelia la femme de Jock. A plus de 90 ans, elle décide d'accomplir un dernier voyage sur les terres de Jacaranda. Pour cela, elle se fait accompagner par sa petite-fille Sophie et en profite pour lui raconter l'histoire familiale. 
 Alternent donc des flashbacks racontant l'histoire de Rose, jeune servante londonienne  et l'histoire actuelle où la famille se déchire sur l'avenir de ce grand vignoble australien.
Secrets familiaux, malheurs, épreuves et amour se dévoilent pages après pages.
On découvre le monde de l'entreprise du vin à notre époque ainsi que l'arrivée des colons anglais au XIXème siècle et la façon qu'ils ont eu d'apprivoiser la nature.
Dans ce roman, la place belle est faite aux femmes.Tamara McKinley nous offre un sacré panel de personnalités qui gagnent toutes en profondeur au fur et à mesure du roman. Leur rôle est crucial et très vite, on se rend compte que les terres de Jacaranda ont pu devenir un très grand vignoble grâce à leur courage et leur force de caractère. J'ai adoré voir évoluer toutes ces femmes. Vraiment chouette ! 

Pas de déception donc à la lecture de l'héritière de Jacaranda. Tamara McKinley m'a offert une nouvelle facette de l'Australie et je suis certaine de repartir en voyage avec elle.


LCSN#2 : mission accomplie !