dimanche 30 mars 2014

Meurtres pour rédemption de Karine GIEBEL



Marianne de Gréville est une jeune fille issue d'une famille bourgeoise. Sa vie est marquée par la mort prématurée de ses parents alors qu'elle n'avait que trois ans. Elle est alors élevée par ses grands-parents qui ne la comprendront jamais. Très vite, Marianne devient une jeune fille en rébellion, difficile et compliquée. 
Après avoir agressé un vieillard lors d'un cambriolage, elle tue le policier qui l'arrête. Incarcérée, elle est condamnée à perpétuité. A 17 ans. Sa vie s'effondre, elle plonge dans la violence du monde carcéral.

Un monde d'une cruauté sans nom dans lequel elle entend ne pas se laisser faire. Pour survivre à la prison, il n'y a pas trente-six façons, il faut s'imposer. Alors, Marianne réplique, avec ses mains. Elle n'a jamais fonctionné que de cette façon. Passionnée d'arts martiaux, elle se révèle une redoutable attaquante.  Marianne ne laisse rien passer et devient la personne la plus dangereuse de la prison.
Elle agresse les détenues, les matons avec violence. Son nombre de meurtres augmente.
Sa réputation est faite. A tel point qu'elle est placée en isolement, n'a plus aucun contact avec les autres détenues. Elle connaît aussi régulièrement le cachot, les tortures des différents matons.
Elle est très vite interdite de travail en prison et ne peut donc s'acheter ses cigarettes et la came dont elle est dépendante. Marianne en vient donc à marchander son corps à un maton.
Isolée dans la prison, sans aucun contact avec l'extérieur, Marianne sombre. Plus d'espoir, elle a 21 ans, ne sera plus jamais libre. Son seul réconfort est d'écouter les trains passer, seule promesse d'évasion et de voyage.

Seulement, un jour, elle est attendue au parloir. Trois personnes veulent la voir. Premier contact avec l'extérieur depuis quatre ans. Très intriguée, elle s'y rend et se voit proposée une mission dont, bien sûr, je ne vous dirai rien.

Voilà un thriller suffocant. Un roman qui ne peut laisser indifférent. J'en ai lu des thrillers mais là, je crois que c'est le roman le plus violent et cruel que j'ai jamais lu.
Durant 1000 pages, nous sommes plongés dans l'horreur, la violence. Les scènes horribles s'enchaînent et j'ai très vite été oppressée, souffrant de ma lecture tout en étant incapable de la lâcher.
Meurtres pour rédemption m'a happé, m'a poursuivi pendant mes nuits, m'a hanté.

J'ai pourtant du mal à dire que j'ai adoré ce roman. 
Bien qu'habituellement friande du glauque dans les thrillers, ici, j'ai trouvé que trop d'horreurs ont tué l'horreur.
Les scènes de torture se répètent, sont éprouvantes pour le lecteur et finissent par alourdir le rythme. Quelques invraisemblances m'ont également fait tiquer à plusieurs reprises. Plusieurs fois, j'ai été sceptique.

Pourtant, ce roman a indéniablement plus de qualités que de défauts.

L'intrigue est terriblement bien ficelée. L'histoire est machiavélique.

Marianne est un personnage que j'ai tout simplement adoré. Et, après lu plusieurs critiques la comparant à Lisbeth Salander, je ne peux que plussoyer. Elle est détestable, violente et pourtant Karine Giébel a su la rendre attachante. J'ai adoré suivre les liens qu'elle tisse avec les différents personnages. Je l'ai trouvée touchante, vraiment. La pauvre, malheureuse et incomprise, elle s'est réfugiée dans la violence. Faire mal aux autres à la hauteur de la souffrance qui l'habitait. Un personnage que je ne suis pas prête d'oublier.

En ce qui concerne le dénouement, il est pour moi très réussi. C'est en apnée et très émue que j'ai terminé mon livre. J'ai été complètement sonnée, mettant plusieurs minutes à revenir à moi.

Voilà donc un roman que je conseille. Malgré quelques défauts, il vaut clairement le détour.

J'ai lu ce roman dans le cadre d'une lecture commune organisée par Vepug
 

mercredi 19 mars 2014

Kinderzimmer de Valentine GOBY





Voici le genre de livres devant lequel on se sent tout petit... et encore plus lorsqu'il s'agit d'écrire à son propos.
Il existe une quantité de livres sur la période de la deuxième guerre mondiale et notamment sur les camps de concentration. J'en ai lu beaucoup mais ça faisait un long moment que je n'avais plus eu l'occasion.
En ouvrant ce livre, je m'attendais à tout autre chose. En fait, je n'imaginais pas un récit d'une telle intensité.
Je connaissais le sujet : une déportée française enceinte arrivant à Ravensbrück et découvrant la kinderzimmer, cette "pouponnière" à l'intérieur d'un camp de concentration. Je ne voulais pas en savoir davantage. J'imaginais quelque chose de larmoyant mais c'est surtout beaucoup de dignité et d'intelligence que j'ai découvert dans ce livre. Un roman d'une force incroyable.

On rentre dans ce livre comme ces femmes sont arrivées à Ravensbrück. Au départ, on ne comprend pas tout, beaucoup de mots allemands en italique et entre crochets : cette fameuse barrière de la langue à laquelle ont été confrontées toutes ces femmes. Puis, on assiste à la découverte de ce camp de travail, des conditions de vie.
La sensation est très forte.
En lisant, j'ai eu l'impression de toucher la vérité de ces femmes qui ont connu Ravensbrück, qui ont quitté la France sans savoir où elles allaient, et qui ont découvert l'ampleur de l'horreur au fur et à mesure.

Dans Kinderzimmer, nous suivons Mila, une jeune française qui a participé à la résistance. Elle arrive à Ravensbrück enceinte de trois mois. Pour cette jeune femme qui a perdu sa mère très tôt, cette grossesse est quelque chose de très mystérieux. Elle n'imagine pas comment ce bébé vit à l'intérieur de son ventre. Aucun signe de grossesse évident. Ce bébé, elle ne le vit pas, ne s'autorise pas à se projetter dans la grossesse, pas à Ravensbrück. C'est une grossesse inconcevable, qu'elle cache à tout le monde.
Puis, plusieurs déportées vont deviner la grossesse de Mila. Celles-ci investissent cet espoir de vie, et prennent Mila sous leur aile, lui expliquent ce qui se passe dans son corps, l'aident et créent pour elle un environnement plus confortable. Une solidarité se crée ainsi autour de cette vie à venir et c'est très beau.

Dans cet endroit synonyme de mort, cette kinderzimmer est singulière. Ce n'est pas un lieu créé pour la vie, il s'agit juste d'un endroit où naissent et survivent des enfants nés dans les camps. Leur durée de vie n'excèdent pas plus de trois mois, rien n'est mis en place pour les faire vivre et grandir. C'est un mouroir pour bébés.
Seulement, Mila et ses compagnes vont tout faire pour faire vivre ce petit bout.

 C'est un roman très poignant que nous offre Valentine Goby, s'intéressant à un fait historique jusque là méconnu.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui prend aux tripes, qu'il m'a fallu lire tout doucement, pour m'imprégner de cette écriture si belle, de ce sujet si grave. 

Je ne peux que vous conseiller ce livre, vraiment !


J'ai lu ce livre dans le cadre du challenge Livra'deux pour Pal addict.



mercredi 5 mars 2014

Ultime retouche de Françoise REY




Ultime retouche est un thriller érotique.
J'aime beaucoup les thrillers. Et depuis un moment, je suis très intriguée par la littérature érotique qui devient de plus en plus présente dans les rayons des librairies. Donc forcément, j'ai été très curieuse de découvrir ce roman écrit par Françoise Rey dont la réputation en matière d'érotisme n'est plus à faire.
Très curieuse donc mais également un peu sceptique car c'est un mélange des genres pour le moins ambitieux. Un exercice périlleux selon moi.

L'intrigue se déroule à Ambrex dans un hôpital gériatrique. Les vieilles personnes qui y séjournent sont très vieilles, la plupart d'entre elles gâteuses.
Et puis, un été, trois vieilles femmes sont retrouvées mortes coup sur coup. Elles se sont visiblement suicidées en tombant par la fenêtre.
Le personnel de l'hôpital est intrigué et a rapidement des soupçons mais tous ne suspectent pas les mêmes personnes. Plusieurs cherchent alors à découvrir le fin mot de l'histoire.
Chaque chapitre fait donc avancer le roman doucement selon le point de vue d'un protagoniste de l'histoire. 
Le problème, c'est qu'il y a énormément de personnages. Entre les différentes patientes, le personnel soignant, le personnel d'entretien, le personnel de la morgue, et bien, j'ai très vite été complètement perdue.
Ce fut pour moi la principale difficulté : impossible de m'y retrouver et franchement, quand on lit un "thriller" c'est balot de ne pas savoir de qui on parle ! Et forcément, j'ai été agacée de devoir relire régulièrement plusieurs chapitres en arrière pour comprendre.
Au final, je ne sais pas si j'ai vraiment compris. J'ai eu l'impression d'une intrigue qui n'en était finalement pas une. Enfin, je ne suis pas trop sûre... J'ai trouvé la fin assez ambiguë; comme une porte ouverte sur plusieurs dénouements possibles. Bizarre et décevant.

En ce qui concerne la partie érotique, et bien, les scènes s'enchaînent de manière étonnante. Ici, dans cet hôpital gériatrique, la mort existe et excite, les parties de jambes en l'air sont fréquentes, la directrice avec le croque-mort après chaque décès, le gardien de nuit avec l'aide-soignante et l'infirmière. L'infirmière avec un autre surveillant.
Elles coupent l'intrigue (déjà difficile à comprendre) et arrivent comme un cheveu sur la soupe. Je ne suis pas spécialiste de ces lectures érotiques mais j'imaginais qu'une tension monterait, amènerait subtilement les scènes de sexe. Bah non, pas vraiment. Elles arrivent comme ça. Et c'est très bizarre quand on est en pleine réflexion pour relier les événements entre eux afin de comprendre l'intrigue.
Je n'ai donc malheureusement pas été spécialement émoustillée.
A noter toutefois, une belle écriture de Françoise Rey dans sa partie érotique. On sent qu'elle maîtrise et c'est, ma foi, assez agréable à lire. 
Pour conclure, le mélange thriller-érotisme n'a, pour moi, pas pris. L'intrigue décousue et confuse a tiré l'érotisme vers le bas. Dommage !
En tout cas, je remercie chaleureusement l'opération Masse Critique de Babelio ainsi que les éditions Tabou. J'avais vraiment envie de m'ouvrir à la littérature érotique et maintenant que c'est fait, j'en lirais d'autres car je suis persuadée qu'il peut y avoir du bon là-dedans... forcément...


Et même si on est mercredi je participe au mardi c'est permis de Stephie.


dimanche 2 mars 2014

L'invisible de Robert POBI








Voilà un thriller qui m'attendait depuis un long moment dans ma PAL. Il a fallu une lecture commune organisée par Flo Tousleslivres pour que je le sorte enfin de sa sieste. Et grand bien m'en a pris car j'ai passé un excellent moment en sa compagnie.

Dans ce livre, nous rencontrons tout d'abord Jake Cole. Il est de retour dans sa maison d'enfance à Montauk, petite ville tranquille de la Nouvelle-Angleterre, là où vit toujours son père. Il ne revient pourtant pas de gaîté de cœur, il souhaitait ne jamais y revenir... trop de mauvais souvenirs y sont associés. Mais son père atteint de la maladie d'Alzheimer vient d'être hospitalisé et oblige donc Jake Cole à assurer un minimum de paperasse pour organiser son avenir.
Alors qu'il est sur place, un terrible meurtre survient, une femme et son enfant sont sauvagement assassinés, écorchés vif. C'est tellement horrible qu'il est impossible d'identifier ces victimes. Jake Cole qui est un agent du FBI est appelé sur le champ pour prendre l'affaire en main. Il travaillera en équipe avec Hauser, le shérif de la ville qui se trouve dépassé par les événements. Ce dernier n'a en effet pas l'habitude de gérer ce genre d'affaires.
Au départ, ce duo n'a rien d'évident.
Jake Cole est un personnage pour le moins particulier, étrange, qui, de premier abord, ne correspond pas forcément à l'image que l'on se fait d'un agent du FBI. C'est un homme qui revient de loin, ancien toxico et ancien alcoolique. Un homme assez secret, peu bavard. D'autre part, son apparence ne joue pas vraiment en sa faveur, Jake Cole étant tatoué de la tête aux pieds. 
Mais Jake Cole est surtout un excellent enquêteur. Il possède un don hors du commun pour élucider les crimes et bénéficie de la confiance absolue de ses supérieurs.

Dès le départ, l'enquête le trouble pourtant au plus haut point car il remarque tout de suite des points communs avec le meurtre dont a été victime sa mère il y a 33 ans.
 Et puis, cette affaire l'oblige à rester à Montauk alors que son seul souhait serait de partir le plus rapidement possible. 
Malgré tout, Jake Cole se sent désormais lié à cette affaire et se promet de ne pas partir avant d'avoir élucidé ce meurtre.
Parallèlement à cela, le shérif Hauser doit faire face à l'arrivée imminente d'un terrible cyclone, Dylan, un cyclone qu'on annonce le plus dévastateur du siècle...

L'invisible est un thriller particulier. Il commence assez tranquillement. Durant la première moitié du roman, Robert Pobi met les choses en place. Sans se presser, il dresse le portrait des différents personnages. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié la psychologie de chacun des protagonistes de l'histoire. Puis, petit à petit, il pose de petites touches de suspense : l'arrivée proche du cyclone, de petites révélations par-ci, par-là. Durant cette première partie, je me suis laissée porter. Je ne voyais pas vraiment là où il voulait en venir mais je sentais la tension monter au fur et à mesure. Alors je me suis adapté à ce rythme et ai lu tranquillement, profitant juste de la promesse d'un excellent moment à venir.
Et effectivement, je n'ai pas été déçue. 

Car, à partir de la seconde partie, les choses s'accélèrent. De nouveaux meurtres, tout aussi atroces sont découverts. L'angoisse monte à Montauk. Hauser, le shérif panique de plus en plus, Jake Cole s'agace de ne pas réussir à imbriquer les éléments entre eux. Et puis, cette menace de la tempête devient réalité. Le vent s'abat, la pluie tombe. La ville ne ressemble plus à rien mais Hauser et Jake Cole continuent, encore et encore, s'acharnent à découvrir ce mystérieux meurtrier. Et c'est passionnant !

Vraiment, c'est un thriller qui a été brillamment construit. J'ai adoré ! Pour un premier roman, chapeau !  Franchement, Sonatine a du flair pour découvrir les brillants écrivains !
Et, petite cerise pour le gâteau pour moi, j'ai vécu une expérience particulière avec ce livre car j'ai rêvé de la fin une bonne centaine de pages avant la fin. Vous imaginez un peu le réveil en sursaut de la fille qui a découvert le pot aux roses et n'ose y croire ? qui se demande si, finalement, elle n'a pas l'âme d'une écrivain de polars pour avoir une si excellente idée ? Bref, cela prouve juste que que L'invisible est terriblement prenant, il m'a habité jusque dans mes rêves. Et c'est très fébrile que j'ai terminé ce thriller, me demandant jusqu'à la fin si j'avais vu juste.
Et oui !



Donc voilà, après ce billet, si vous ne cherchez pas à découvrir l'invisible, je ne comprends pas.


Cette lecture était une lecture commune avec Flo Tousleslivres et Belledenuit. J'espère qu'elles auront autant apprécié que moi :)