samedi 28 octobre 2017

Nulle part sur la Terre de Michael Farris Smith


Amateur de romans noirs, Nulle part sur la terre est un roman qui a de bonnes chances de vous plaire.
On se retrouve dans le fin fond de l'Amérique. 
Maben est une jeune femme paumée, qui, accompagnée de sa petite fille Annalee, semble accumuler les ennuis. Toutes deux parcourent des kilomètres sans trop savoir où aller, s'arrêtent dans des motels mal famés, fuient lorsque les ennuis s'annoncent. Elles marchent, fuient et n'arrivent pas à reconstruire leur vie.

Parallèlement à ce duo, Russell, un jeune homme, est tout aussi malchanceux que Maben. Incarcéré pour un homicide, il a purgé ses 11 années de prison, retourne chez lui mais doit affronter l'envie de vengeance de certains. Il n'a plus d'objectif dans la vie et doit apprendre à vivre sans son amour de jeunesse et avec le poids de la culpabilité.

Deux vies compliquées où rien ne coule de source. Deux vies à espérer du meilleur alors que seuls des orages se présentent. Car Russell et Maben n'aspirent qu'à une chose : enfin souffler, enfin vivre.

C'est l'histoire de ce roman. 
Comment se construire quand, dès le départ, le destin s'acharne sur nous ? 
Comment avancer quand on se sent seul, pas soutenu, quand le passé est si lourd qu'il devient difficile de vivre le présent et impossible de se projeter dans le futur ?
Ces questions hantent Russell et Maben. 

Ces derniers vont finir par se rencontrer. Et ensemble, ils finiront par trouver leurs réponses. Ils vont s'accrocher l'un à l'autre et vont décider d'avancer. Forcément, le chemin à parcourir n'est pas simple. Ils vont devoir faire face à bien des embûches mais chacun va trouver en l'autre le courage qui leur manquait. Ils se donnent un sens à leur vie. Et c'est beau !

De ce roman noir, je garde un excellent souvenir. Pourtant, j'ai été bien perturbée au début de ce roman. La plume de l'auteur m'a laissée très perplexe : des phrases très longues, mal construites, l'utilisation excessive de la conjonction "et". Cela a failli être rédhibitoire pour moi tant j'étais fixée dessus. Impossible de me concentrer sur l'histoire. 
Et puis, au fil des pages, je n'ai plus vu ces défauts. Au contraire, j'ai découvert de très beaux passages qui m'ont beaucoup touchée. 
Je me suis laissée porter par l'intrigue plus que prenante. J'ai aimé voir les zones d'ombre du passé de nos deux protagonistes se dévoiler au fur et à mesure.
L'empathie ressentie pour les personnages a été la plus forte. Je me suis diablement attachée à Russell et Maben qui dégagent tant de charisme et d'humanité. Les autres personnages du roman ne sont pas en reste. Mickaël Farris Smith a très bien campé les personnalités de chacun et c'st un réel plasir de lecture que de les voir évoluer.

Pour conclure, j'ai envie de dire que durant ce roman, j'étais là-bas, quelque part sur la terre et que j'y étais bien !



Un grand merci aux Editions Sonatine pour ce roman ainsi qu'à l'opération des Matchs de la rentrée littéraire. Ce fut une belle découverte.

#MRL17





dimanche 14 mai 2017

Assez de bleu dans le ciel de MaggieO'Farrell

J'ai découvert Maggie O'Farell, il y a quelques années, en lisant Quand tu es parti, livre que j'avais adoré. J'avais alors enchaîné avec la disparition d'Esme Lennox qui m'avait moins convaincue.
Je renoue donc avec elle avec assez de bleu dans le ciel.




Maggie O'Farrell nous offre une fois de plus un roman à la construction narrative dense dont elle en a le secret.
Ce roman retrace la vie d'un couple et de leurs familles (parents, enfants) des années 40 à nos jours. Et pour compliquer la chose et rendre le roman encore plus addictif, elle nous fait voyager dans le temps de manière non linéaire mais aussi dans le monde : Irlande, Etats-Unis, Angleterre et France.

Daniel Sullivan et Claudette Wells forme un couple assez improbable. Daniel est professeur de linguistique aux Etats-Unis. C'est un homme carré, perfectionniste qui cherche toujours la précision. Claudette Wells, quant à elle, est une femme pétillante, pleine de vie. Elle était autrefois une célèbre actrice mais a décidé de se retirer du circuit et de vivre cachée en Irlande. C'est là que le couple coule des jours paisibles avec leurs deux enfants. 
Pourtant, leur équilibre va être bouleversé lorsque Daniel apprend à la radio que Nicola, une jeune femme qu'il a fréquentée il y a très longtemps, est morte. Cette annonce lui fait l'effet d'un séisme. Le voilà reparti aux Etats-Unis afin d'éclaircir enfin toutes les zones sombres de son passé.
Cela sera lourd de conséquences...

Le point fort de ce roman et qui constitue la marque de fabrique de Maggie O'Farrell réside dans la construction narrative. L'histoire n'est pas chronologique. L'auteure jongle habilement entre les époques, des années 40 à nos jours et dans le monde dans plusieurs pays.
Plus d'un demi-siècle, une galerie importante de personnages. C'est sûr qu'au début, il y a de quoi être un peu déstabilisé mais cette sensation s'efface rapidement.
Très vite, on se crée des repères dans la chronologie et les personnages et le roman devient passionnant.
L'écriture de Maggie O'Farrell est fluide, agréable et de qualité. La psychologique de ses nombreux personnages est très fouillée. Je me suis attachée à chacun d'eux, ressentant une profonde empathie pour leur histoire personnelle, pour les blessures qui les ont construit. 
J'ai lu vite tant qu'il me tardait de recoller tous les morceaux de ce patchwork et lorsqu'enfin, l'histoire de ces deux ou trois générations prend forme et bien, c'est juste bon.
 Plusieurs thèmes se dégagent dans ce roman, la vie de famille bien sûr mais aussi la complexité du couple, le poids des non-dits, le deuil, l'amour. C'est riche, c'est dense, c'est émouvant.

Alors je vous conseille vivement ce roman qui m'a touchée et continue de m'habiter plusieurs semaines après ma lecture.

vendredi 14 avril 2017

Martha & Alan d'Emmanuel GUIBERT



Voilà longtemps que j'entends parler d'Emmanuel Guibert et de son graphisme sans pareil. Je le rencontre aujourd'hui avec Martha & Alan. 
Depuis plusieurs années, Emmanuel Guibert s'attache à transcrire plusieurs pans de l'histoire d'Alan Ingram Cope. Ce dernier est un américain installé en France après la seconde guerre mondiale qu'il a rencontré par hasard à l'île de Ré. Il existe ainsi déjà plusieurs BD "la guerre d'Alan" et "l'enfance d'Alan".

Dans cette BD, Emmanuel Guibert s'intéresse à la première amitié d'Alan. Alan a en effet rencontré Martha alors qu'ils avaient tous deux 5 ans. Son premier souvenir avec Martha a eu lieu dans une cour de récréation. Malmenée par plusieurs enfants, Martha est défendue par Alan. Commence alors une belle amitié qui sera d'autant mieux entretenue que les deux mamans apprennent à se connaître et à s'apprécier. 
Ensemble, Martha & Alan vont passer des heures à jouer dehors, à découvrir leur quartier. Ils grimpent aux arbres, font de la balançoire puis se découvrent une passion commune pour le chant et participent alors à la chorale de l'église.
Malheureusement, au bout de quelques années, Martha & Alan se perdent de vue. Ce sont les aléas de la vie. Pourtant, Alan garde un souvenir précieux de cette amitié. Malgré la distance lorsqu'il part en Europe lors de la seconde guerre mondiale, Martha continue d'occuper ses pensées. A son retour, il tente à nouveau de renouer contact.

Rien d'extraordinaire dans cette histoire. C'est une amitié d'enfance dont le souvenir est magnifié par les années passées. Pourtant, Emmanuel Guibert réussit à créer une ambiance pleine de tendresse et de douceur. On sent la nostalgie d'Alan, son attachement à ses aventures avec Martha.
La force de cette BD réside dans les dessins d'Emmanuel Guibert qui sont de toute beauté.
Les paysages sont magnifiques, on a l'impression de se glisser dans la Californie des années 30. On sent la quiètude de la vie, le souffle chaud du vent dans les feuilles des arbres. Les planches créées à partir de vieilles photographies m'ont particulièrement impressionnée.
Magie des détails, couleurs chaudes, quel plaisir pour les yeux ! Je découvre un talent et je me régale.
Cette petite parenthèse dans la vie d'Alan Ingram Cope est donc très agréable et m'intrigue. C'est une petite mise en bouche très réussie qui me donne juste envie de me jeter sur le reste de l'oeuvre sur cet américain installé en France.

J'ai lu cette BD dans le cadre de l'opération la BD fait son festival organisée par Priceminister. Un grand merci !