lundi 7 novembre 2016

Les mains lâchées d'Anaïs LLOBET




Les mains lâchées, ce sont toutes les mains qu'il a fallu lâcher pour ne pas se laisser emporter par Yolanda, terrible typhon qui a sévi dans les îles philippines en novembre 2013. 
Les mains lâchées, c'est le témoignage d'Anaïs LLobet, journaliste, qui était présente lors de cette tempête. Et pour ce faire, elle a choisi la fiction.
 
 C'est donc l'histoire de Madel, jeune reporter installée dans les Philippines. La tempête n'épargne personne. Une vague énorme détruit la maison de son petit ami Jan chez qui elle vit. Elle le perd tout de suite de vue et ne parvient pas non plus à protéger un petit philippin de trois ans qui leur avait été confié. Mais elle survit.


Très vite, Madel va se trouver confrontée à une situtation inconfortable. Son patron est ravi de l'opportunité de sa présence immédiate sur les lieux du désastre et lui impose des reportages réguliers tout au long de la journée. En même temps, sans nouvelles de son compagnon, elle souhaite le retrouver, le chercher. Et puis, ce qu'elle voit autour d'elle la désole. Commence alors pour elle un grand questionnement sur son statut de journaliste.Que montrer ? Quelles frontières ne pas dépasser pour ne pas tomber dans le sensationnel ? Comment faire vivre ce sujet dans les médias suffisamment longtemps avant qu'il ne tombe dans l'oubli ?
Des questions passionnantes sur ce métier et son rôle médiatique et éthique.

Parallèlement à cela, plusieurs personnages gravitent autour de Madel. Il y a bien sûr tous les journalistes venus " pour l'occasion", leur manière d'appréhender la catastrophe mais aussi et surtout tous ces philippins. Les sinistrés, ceux qui ont tout perdu et puis ceux qui se mobilisent sans relâche pour venir en aide aux autres. Une solidarité des plus touchantes se met en place à laquelle Madel se mêle immédiatement. 
Pour le raconter dans le roman, le récit est ainsi ponctué de témoignages très courts. La voix est donnée à des personnages pour raconter la manière dont ils ont vécu le typhon. Deux ou trois pages pour dire, se souvenir.  Des pages percutantes qui m'ont vraiment émues.   
 Alors, oui, ce roman m'a beaucoup plu. Il est court, percutant et ne peut laisser indifférent.
Pourtant, dans ce genre de roman témoignage, j'appréhende toujours le côté voyeurisme, le malaise qui s'installe au fur et à mesure de ma lecture lorsque la misère est mise en avant pour nous faire arracher quelques larmes.
Donc forcément, c'est une lecture que j'ai entamé avec prudence, pas certaine d'apprécier.
Et bien, Anaïs Llobet a réussi à ne pas tomber dans ce piège et nous offre un premier roman de grande qualité.
 Un roman tout en finesse et qui gagne en force au fur et à mesure des semaines qui passent. Des images me reviennent, des émotions, des questionnements. 

Un grand merci à l'opération des Matchs de la rentrée littéraire organisée par Priceminister, j'ai beaucoup aimé. 

 


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